« La langue du rêve n’est pas dans les mots mais sous eux. Dans le rêve, les mots sont des produits aléatoires du sens qui, lui, se trouve dans la continuité muette d’un flux » Walter Benjamin, Rêves.
Les Ombres de la Nuit est la dernière mise en vibration poétique de la bibliothèque sonore de récits de rêves du monde.
Cette pièce acousmatique nous plonge dans la continuité d’un flux liquide, les couleurs sonores sont mouvantes et les récits fragmentés. Elle n’est pourtant pas impressionniste, aucune figure centrale n’émerge des multiples touches sonores.
Cette mer de sommeil dépose parfois un récit de rêve sur le rivage du tympan, puis le retire vers le large harmonique. La plupart du temps, les récits nous parviennent en fragments ou restent noyés, sourds, brouillés.
Les différentes couches de sons apparaissent et disparaissent comme des voilages qui s’ouvrent ou se ferment, rendant le plan suivant clair ou confus.
Ainsi, dans cette polyphonie complexe, chaque auditeurice choisit son propre cheminement, sa propre vague, et trouve son point de bascule entre une écoute relâchée, proche de l’endormissement et une écoute hyper attentive à chaque inflexion, torsion, glissement, battement de sons et de sens. Il est suggéré de se laisser envahir, submerger dans ces temporalités passées, racontées au présent. La pièce incite à goûter ce temps flou, poreux et sans linéarité.
Le sens est comme un poisson qui se faufile sous nos oreilles, il ne dirige plus, il zigzague entre les timbres. Combien de rêves n’atteignent pas la barrière de corail de la mémoire consciente ?
D’ailleurs, n’est-ce pas un autre soi-même qui se souvient ?
Ecouter cette mer de sommeil, c’est comme s’allonger sur la plage et se laisser hypnotiser par le va-et-vient « timbral » de l’eau. L’écoute peut fixer une vague sonore, puis s’en aller au lointain, puis à nouveau apprécier les détails des tourbillons du flux, de l’écume qui se déposent sur le sable, mélée parfois aux voix de la communauté des rêveuses et rêveurs du monde.
Dans Les Ombres de la Nuit, les récits de rêve sont en langue originale, la traduction épouse l’inflexion de la voix de la rêveuse, du rêveur.
A l’écoute de ces récits ou fragments de récits de rêves, de ces multiples langues, chacun·e « compose » son écoute, se laisse envahir par les émotions et les images mentales qui surgissent.
Les Ombres de la Nuit est une incitation au vagabondage de l’écoute.
Cette pièce est édité dans le Double album Les Ombres de la Nuit / Grande Suite à l'Ombre des Ondes / Petite Suite + Livre 144 pages
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2 Extraits :
Les Ombres de la Nuit - Fabienne / 1'17
Les Ombres de la Nuit - Maruska-Gabriel / 6'20